« Nous sommes toujours en train d’entraîner notre cerveau à faire quelque chose ; la question est de savoir à quoi nous sommes en train de l’entraîner »

Kirk Strosahl

Les TCC ont montré que nos comportements, nos pensées et nos émotions sont des phénomènes « appris » ou conditionnés. Dans les circonstances où votre histoire d’apprentissage, vos vieux conditionnements, sont inefficaces ou néfastes, il reste possible d’acquérir, peu a peu, de nouveaux apprentissages, plus utiles et adaptés à ces circonstances problématiques.

L’objectif des TCC est de vous aider à apprendre ces nouvelles compétences et, ainsi, de sortir peu à peu des impasses dans lesquelles chacun peut se trouver coincé. Les lignes qui suivent ont pour but de vous aider à mieux comprendre les caractéristiques du travail et des séances en TCC.

La démarche en TCC suit globalement trois phases

Dans une première phase, il est nécessaire d’identifier, évaluer et analyser les différents aspects de votre problème et, en regard, de préciser vos attentes personnelles de changement. Nous allons étudier ensemble les différents aspects de votre problème en nous appuyant sur l’exploration des situations concrètes au cours desquelles il survient. Cette exploration va mettre à jour les cercles vicieux dans lesquels vous pouvez vous retrouver coincé et les moyens thérapeutiques qui pourraient y remédier. 

Après avoir clarifier les différents aspects du problème, il est alors possible, dans une deuxième phase, de mettre en œuvre ces moyens thérapeutiques susceptible de remédier au problème. Ces moyens thérapeutiques sont centrés sur les pensées, les émotions et les comportements qui surviennent dans les situations problématiques que vous rencontrez.

Enfin, au fur et à mesure du travail thérapeutique, il sera nécessaire de vérifier, dans une troisième phase, l’efficacité des moyens mis en œuvre, c’est à dire l’amélioration des difficultés et problèmes dans votre quotidien.

Quelques caractéristiques des séances en TCC

En TCC, les séances sont collaboratives et interactives : par une successions de questions/réponses, de reformulation pour s’assurer d’une bonne compréhension de votre problème, d’explications basées sur les modèles des TCC ou de mesures thérapeutiques guidées pas à pas, nous collaborons ensemble tout au long de la thérapie.

Les séances sont centrées sur le « comment » plutôt que sur le « pourquoi » : bien qu’il soit compréhensible et à certains égards utile de vouloir connaître le « pourquoi » d’une difficulté ou d’une souffrance, il s’avère que cela ne suffit pas à y remédier ou à changer. Car si votre problème existe toujours dans votre vie actuelle et a côté des causes initiales qui l’ont produit (ce qu’on appelle les « facteurs initiaux », le « pourquoi »), il faut d’autres causes qui ont fait qu’il persiste encore aujourd’hui (ce qu’on appelle les « facteurs de maintien », le « comment »). En TCC, la question n’est pas tant « pourquoi » le problème existe, mais « comment » il persiste ; c’est en cherchant comment agir sur les facteurs de maintien qui le font persister que l’on va pouvoir remédier au problème.

Les séances sont actives ; cela peut paraître simpliste, mais en psychothérapie comme dans d’autres domaines, on peut constater que si nous faisons ce que nous avons toujours fait, nous risquons d’obtenir ce que nous avons toujours obtenu ; l’objectif, en TCC, est donc d’apprendre, peu à peu, à faire quelque chose de nouveau et suffisamment différent pour permettre un changement. Il est nécessaire, pour cela, d’expérimenter de nouvelles façons de faire en séance mais aussi de les pratiquer, de s’entraîner entre les séances, pour permettre à ces changement de devenir de nouvelles habitudes.

 

« Le bien-être n’est pas quelque chose qui nous arrive, mais une compétence que nous développons. »

Matthieu Ricard

Les séances sont centrées sur le présent : quelque soit votre problème, qu’il soit lié à des événements passés ou à des circonstances à venir que vous redoutez par moment, vous éprouvez cette difficulté dans le présent. C’est donc dans le présent, ici et maintenant, que nous pouvons chercher à comprendre cette difficulté et vous aider à expérimenter de nouvelles façons de faire face à ce problème.

Sur quoi allons nous porter notre attention et nos efforts ?

victor-charent-psychologue-poitiers

L’objectif est de vous aider à apprendre des compétences nouvelles en lien avec les pensées, les émotions et les comportements problématiques.

Les comportements : 

 En présence d’un problème et de la souffrance plus ou moins importante qu’il induit, la réaction spontanée la plus fréquente est un comportement qui vise à réduire ou éliminer cette souffrance. Il est normal de chercher a éviter la souffrance et bien souvent ce type de réaction peut s’avérer utile. 

Mais, dans les situations qui sont abordées en thérapie, si on regarde ce qu’il se passe avec le temps, on observe bien souvent également que la souffrance que l’on cherche à contrôler, a tendance à augmenter semaine après semaines, mois après mois ; ce qui est fait pour souffrir moins, amène, peu à peu, à souffrir davantage !

 

Dans ce contexte, la thérapie, en TCC, visera a identifier, dans les situations problématiques, les comportements qui s’avèrent néfastes pour vous, et à vous aider à acquérir des comportements différents, plus propices au bien-être. 

 Les pensées :

Dans les changements continuels et plus ou moins problématiques qui apparaissent dans une journée, nos pensées sont essentielles pour nous adapter. Elles nous servent a comprendre la situation et c’est en fonction de cette compréhension que nous nous comportons, dans le moment, d’une façon plutôt que d’une autre. 

Mais si on observe honnêtement son attitude envers ses pensées (qui « apparaissent » dans notre conscience la plupart du temps de façon automatique) chacun pourra constater une forte tendance a les considérer comme la vérité et plus radicalement comme la stricte réalité.

Alors que l’on peut facilement se dire que l’autre se trompe, on a plus de mal à appliquer cette possibilité à nous même.

En définitive, les pensées, les nôtres comme celles des autres, ne sont ni des faits ni la vérité, mais des hypothèses (on pourrait dire aussi « une histoire ») à propos de la réalité, qui sont plus ou moins proche de cette réalité et plus ou moins utile pour s’adapter au contexte du moment. 

En apprenant, au cours de la thérapie, à considérer vos pensées pour ce qu’elles sont (des pensées et non la réalité), il devient alors possible d’apprendre, en situation, à prendre du recul, modifier votre regard sur la situation et de réduire ainsi l’influence néfaste qu’elles peuvent avoir sur vous et vos comportements. 

Les émotions :

De même que les pensés, les émotions constituent un système d’information nécessaire pour s’adapter aux multiples changement de notre environnement. La peur, par exemple, en informant d’un danger, incite à agir pour nous préserver de ce danger.

Chaque émotion nous pousse ainsi a réagir pour maintenir ou rétablir un état d’équilibre. Mais parfois, ce mécanisme d’adaptation s’emballe et certaines émotions « négatives » s’avèrent de plus en plus problématiques ou semblent même intolérables. 

Dans de tels contextes, l’objectif des TCC est de recourir à des méthodes pour vous apprendre, peu à peu, à faire face aux émotions « négatives », afin de réduire l’impact qu’elles ont sur votre vie intérieure, permettre ainsi d’augmenter votre liberté d’action et, en conséquence, votre niveau de bien-être.

Pour synthétiser, les TCC ont donc pour objectif de remédier aux problèmes psychologiques en développant trois types de compétences complémentaires : 

  • identifier les comportements néfastes et acquérir des comportements alternatifs, plus propice au bien-être.
  • Développer des capacités à prendre du recul vis à vis des pensés.
  • Apprendre à faire face aux émotions éprouvantes.

Apports de la troisième vague des TCC :

A côté de ces trois aspects complémentaires, la troisième vague des TCC a introduit de nouvelles compétences, utile pour le travail thérapeutique :

victor-charent-psychologue-poitiers
  • l’entraînement aux compétences de « Pleine Conscience » qui permet de diminuer la réactivité aux phénomènes internes (vos pensés, vos émotions et vos sensations) et de réduire ainsi l’influence qu’ils ont sur vos comportements.
  • l’entraînement aux compétences de bienveillance et de compassion pour soi-même, afin de réduire, entre autre, les effets néfastes de l’autocritique.
  • La capacité à identifier et à agir, dans les situations problématiques, en fonction de ce qui peut apporter, avec le temps, de la valeur, de la richesse et du sens à votre existence, plutôt que mettre vos efforts au service du soulagement immédiat (mais souvent temporaire) de la souffrance.

« Quand nous avons de la compassion envers nous-même, l'emprise du jugement négatif de soi commence à se dissoudre, laissant place à un sentiment de paix et d'acceptation »

Kristin Neff